jeudi 1 novembre 2018

Lectures en bref - Octobre 2018

Le visiteur de minuit, Marie-Aude Murail et Christel Espié 


En voyant cet album, comment ne pas succomber ? La couverture est magnifique, tout comme l'illustration à l'intérieur du livre. Les couleurs sont chatoyantes, les tableaux plein de splendeur. J'avais donc forcément envie d'en voir plus. Impression renforcée à la découverte de l'auteure du texte : Marie-Aude Murail. J'étais plutôt curieuse de la découvrir sur un format court, moi qui n'ai lu d'elle que des romans plus conséquents. On découvre un père de famille plein de richesses, mais rongé par la tristesse alors qu'il voit sa fille dépérir. Un soir, il reçoit la visite du diable en personne, qui lui recommande de faire venir chez lui le fils de son jardinier, plein de vie, pour que son énergie passe dans le corps de la fillette et la guérisse. Que faire alors : écouter son coeur de père ou sa conscience ? 

Malgré tous ces bons présages, cet album n'a pas eu sur moi l'effet escompté. Certes, les illustrations de Christel Espié valent le détour. Mais elles ne relèvent pas complètement le texte que j'ai trouvé malheureusement assez plat. Cela est certainement dû au format court, qui a été pensé à la manière d'un conte, avec des ellipses temporelles. Quoiqu'il en soit, je n'ai pas su y retrouver la beauté que j'attendais. Peut-être suis-je passée à côté ? 


Calamity Jane, François Roca

Cette année, François Roca a fait cavalier seul, plutôt que de publier un album avec son complice Fred Bernard comme chaque année. L'idée lui a pris d'illustrer la vie de cette aventurière qu'était Calamity Jane, après qu'il l'a découverte au travers des lettres écrites à sa fille. Il a donc choisi des extraits de ces lettres afin de les illustrer par son trait somptueux. 

Je suis assez contente d'avoir découvert cette femme de légende sous cet angle. Certes, on connaît tous le mythe qui se cache derrière ce nom, mais sans en savoir beaucoup plus finalement. Et voir la femme derrière la légende, la mère qui a décidé de se séparer de sa fille afin de lui offrir une meilleure vie, c'est plutôt touchant. Le choix de textes est donc réellement intéressant, et on se laisse attendrir par cette femme à l'histoire sentimentale difficile. Cependant, les illustrations ne collent pas, à mon sens, avec ce texte. Calamity Jane est un personnage qui est toujours en mouvement, au rythme difficile à suivre. Or, les illustrations de François Roca, si elles forment de magnifiques tableaux, sont caractérisées par leur manque de mouvement. Les personnages y sont comme figés, et sur un tel album, cela ne correspond pas. En effet, il paraît plutôt étrange de voir de l'immobilité dans la course effrénée d'un cheval lancé au galop. Encore un album qui ne m'a pas convaincue, donc. 


Dans la gueule du loup, Michael Morpurgo et Barroux

J'ai lu cet été ce petit album écrit par Morpurgo, paru dans le courant du mois d'octobre. Je peux donc désormais vous en parler. Cependant, il ne m'a pas marquée au point d'en faire un article propre. L'histoire écrite ici est inspirée de faits réels. C'est celle de Francis et Pieter, deux frères qui se sont engagés dans la Seconde Guerre Mondiale, chacun pour des raisons différentes. L'un est dans la Royal Air Force, l'autre va devenir agent secret. Alors que sa vie est désormais bien avancée, Francis revient sur cette période difficile de sa vie. 

J'ai trouvé dans cette histoire beaucoup de lieux communs. Même si cela est inspiré de fait réels, les faits racontés paraissent trop faciles et assez peu précis. Vu le nombre incroyable de textes écrits sur cette période, on attend plus de précisions, surtout de la part d'un auteur aussi réputé. De plus, le procédé choisi ne paraît que peu naturel. Lors de sa dernière nuit, Francis dialogue en pensée avec les personnes qui ont été importantes pour lui à cette période de sa vie. Ce dialogue fictif donne une écriture trop travaillée, et manque l'effet de simplicité recherché. Par ailleurs, si j'apprécie d'habitude le trait de Barroux, il m'a paru trop léger pour s'adapter à cette histoire grave et pleine de leçons. 


Nous étions dix, Nine Antico

Allez, je relève le niveau avec un bel album, une véritable pépite, même. Je dis cela à dessein, puisque cet album figure dans la dernière sélection des pépites du salon de Montreuil cette année. Cet album m'a immédiatement séduite par sa couverture, véritablement soignée, entre le bleu profond de la nuit et les dorures. En l'ouvrant, on découvre un texte plein de poésie qui retrace le parcours d'enfants partant en exploration, pleins d'entrain. Ils le disent et le répètent, rien, RIEN ne les effraie. Ainsi commence leur aventure, jusqu'à ce que l'un d'entre eux fasse défection. On retrouve donc à plusieurs reprises le même schéma rythmique et textuel qui crée une sorte de comptine merveilleusement bien travaillée. Petits et grands s'y laisseront aisément emporter, et courront irrésistiblement vers la chute... des plus imprévisibles.D'habitude, je devine assez aisément les chutes des albums, mais ici, je me suis complètement laissée avoir ! On savoure cet album, d'abord avec sérieux et concentration, alors que la tension grandit, puis on finit forcément... sur un grand éclat de rire ! 

 

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