dimanche 22 avril 2018

Pactum Salis, Olivier Bourdaut

N'ayant pas lu En attendant Bojangles, je ne pourrai pas dans cet article, faire la comparaison de deux romans qui n'ont rien de comparable, si ce n'est leur auteur. Pactum Salis m'a tentée dès sa parution, par la promesse de son contenu : une amitié improbable ayant pour cadre les marais salants... C'est parti donc pour cette nouvelle lecture !


Jean, un homme taciturne au caractère difficile, s'est reconverti il y a quelques années dans le beau métier de paludier. Beau métier par son cadre, certes, mais dur métier, car une bonne récolte ça se doit certes à la bonne volonté des éléments naturels, mais surtout à la sueur de son front. Mais Jean aime ce métier dont la solitude lui convient, il aime ses efforts qui lui permettent de penser peu. Mais sa retraite solitaire va bientôt être dérangée par Michel, un agent immobilier fier de sa réussite. Ces deux hommes n'ont rien pour s'entendre. Le premier se contente d'une vie peu confortable, une maison minuscule, un corps et des effets personnels fatigués par son dur labeur. Pour le second, c'est tout l'inverse : rien ne vaut plus à ses yeux que sa réussite sociale et financière, que sa belle Porsche (ou Pursche, comme il l'appelle). Leur rencontre ne se fait d'ailleurs pas sous les meilleurs auspices. Après une nuit de beuveries, Michel échoue avec sa Pursche défoncée près du marais de Jean, et pisse allègrement sur sa fleur de sel. Aussi, quand celui-ci arrive pour commencer sa besogne, cela le met de fort mauvaise humeur. Et pourtant, malgré ce départ chaotique, les deux hommes vont tenter de se racheter l'un auprès de l'autre, peut-être pour préserver leur honneur. Quoiqu'il en soit, une amitié hautement improbable et fragile va naître de cela. 

Si au début, j'ai pu être sceptique sur ce roman qui présentait des personnages qui ne trouvent pas réellement leur place au sein d'une société trop policée, je me suis finalement laissée emporter par la plume humoristique et caustique d'Olivier Bourdeaut, qui ne donne en fait pas une leçon de plus sur la société et ses exclus. En réalité, il se contente de nous amuser avec cette chronique estivale, et libre à chacun de tirer de ce roman ses propres leçons...


Peu après ma lecture, j'ai eu la chance de rencontrer l'auteur, lors de sa venue à La Librairie des Halles à Niort. Sur les photos, cet homme paraît quelqu'un de très sérieux, presque austère. En fait, il est très chaleureux, et a la plaisanterie facile. Il nous a raconté que le personnage de Michel était légèrement inspiré de son propre passé d'agent immobilier. S'il est devenu auteur, raconte-t-il avec humour, c'était pour ne pas avoir à porter toute sa vie durant la veste noire et jaune des agents Century 21...

Beaucoup de critiques négatives sont apparues dans la presse, après la sortie de Pactum Salis, notamment arguant que ce deuxième roman n'était pas du tout à la hauteur du premier, En attendant Bojangles, qui avait eu tant de succès. En réalité, Oliver Bourdeaut nous a raconté que Pactum Salis avait en réalité été écrit bien avant son premier roman. Il s'agit bien du deuxième roman qu'il a écrit, mais En attendant Bojangles est en fait son troisième roman, si l'on s'en réfère à l'ordre d'écriture, et non pas de parution. Donc oui, il savait forcément que ce serait moins bon que sa première parution. Pour autant, ce deuxième roman paru, donc, vaut le détour. Si vous aimez l'humour grinçant, caustique, n'hésitez pas une seule seconde !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire