mardi 22 septembre 2020

A en perdre haleine, Deb Caletti

 A la réception de ce livre, j'avoue que j'étais sceptique. Une histoire de course à pied, avec un motif caché, je pensais que ça n'était pas pour moi… Et puis, un pied après l'autre, une page après l'autre, l'histoire d'Annabelle a finalement réussi à me tenir en haleine ! 

Cette Annabelle, on n'en sait pas grand chose au début du roman, alors qu'elle commence déjà à courir. Son histoire, on l'apprendra, par bribes, au fur et à mesure de son trajet. On sent cependant une grande fragilité en elle, une assurance perdue, qu'elle lutte pour retrouver. Des fantômes hantent ses journées, des souvenirs qu'elle tente de refouler mais qui trouvent le moyen de refaire surface. Alors le jour où elle n'en peut plus de ce qui se bouscule dans son esprit, elle se met à courir. Dans la course, elle retrouve les sensations de ses cours d'athlétisme, une discipline où elle brille, alors comme en ce moment elle ne sait faire que ça, elle court. Et sur un coup de tête, sa décision est prise : alors qu'elle doit comparaître à une audience à Washington cinq mois plus tard, elle va mettre ce temps à profit pour rallier Seattle, où elle réside, à Washington, à pied. En courant. Un semi-marathon par jour. Et malgré la folie apparente de ce projet, ses proches vont faire leur possible pour la soutenir, car ils comprennent que c'est désormais sa seule échappatoire. 

Au rythme des foulées, Annabelle se dévoile. Les paysages traversés, les personnes rencontrées, les situations observées, sont prétexte à faire rejaillir les souvenirs. Sa meilleure amie la suit, en pensée, son ex petit-ami est là aussi. Et puis il y a le Ravisseur, qui revient régulièrement. Peu à peu, les pièces s'emboîtent, on devine des choses, mais je pense que la réalité dévoilée à la fin de ce roman est d'une telle violence, qu'on ne peut même pas l'imaginer. Si l'on est à fleur de peau tout au long du roman, devant la sensibilité d'Annabelle, on tremblera forcément d'émotion en approchant de la fin du roman. D'émotion, mais aussi de rage. Car bientôt, cette course se mettra au service d'une cause. Et on aura envie de se battre aux côtés de la jeune coureuse pour l'aider à se faire entendre, pour aider la justice à se faire. 

Ce roman beau et sensible vous tirera certainement quelques larmes. Le rythme de la course d'Annabelle permet à la fois de prendre son temps, mais nos cœurs se mettent aussi à battre avec le sien lorsqu'elle peine à aligner les foulées. On ne peut pas rester insensibles devant cette histoire. Pourtant, j'ai parfois eu tendance à me perdre. Pas dans l'intrigue, où les différentes temporalités se mélangent avec un parfait équilibre pour doser le suspense tout en restant compréhensibles. Non, j'ai été perdue plutôt par la variété des sujets abordés. On sait qu'Annabelle court pour une cause, mais on ne comprendra qu'à la fin quelle est cette cause. Plusieurs pistes sont lancées au cours du roman, et justement, cette multiplicité des combats m'a un peu fait perdre de vue l'objectif final : l'autrice parle-t-elle de féminisme ? des armes à feu ? A trop vouloir évoquer de sujets de société, elle perd sa force de dénonciation, à mon sens. Dommage, le message final se fait rarement entendre en littérature jeunesse, alors qu'il est nécessaire ! 

Cependant, malgré ce défaut, c'est un roman à découvrir sans attendre, pour sa beauté et sa force. A ne pas mettre entre toutes les mains, car il évoque des choses assez douloureuses, mais il saura sans nul doute vous émouvoir. Alors n'hésitez plus, et cliquez sur ce lien pour vous le procurer !



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