vendredi 11 août 2017

Le cercle, Dave Eggers

Ce livre, je voulais le lire déjà lors de sa sortie en grand format, en avril 2016... (ça vous donne une légère idée de jusqu'où remonte ma PAL...). Du coup, à force d'attendre, je suis allée voir le film The Circle avant d'avoir lu le livre. Faible de moi, je suis allée voir ce film juste parce qu'il y avait Emma Watson au casting...


Bref, revenons-en à ce livre. Devant le film, j'ai été un peu déçue. L'histoire, calquée sur celle du livre, est celle de Mae. Jeune femme ambitieuse, elle est embauchée au Cercle, une entreprise plus ou moins inspirée du Google que nous connaissons, mais avec une avancée plus technologique plus importante encore. Au Cercle, tout le monde a un compte TruYou : un profil de réseau social, mais avec son identité propre, pas de pseudo, ce qui permet d'éviter les rencontres facheuses en ligne, ou les commentaires injurieux. Mais le Cercle, ça n'est pas une simple entreprise de nouvelles technologies. C'est une communauté entière de personnes rêvant d'accomplir la complétude du Cercle, et de trouver toujours plus de moyens technologiques permettant d'éradiquer les mauvais comportements, mais aussi la criminalité. Ainsi, le Cercle met en place un système de transparence, notamment adopté par la plupart des représentants politiques. Les volontaires se font offrir une caméra et un espace de stockage démesuré, afin de filmer chacun de leurs faits et gestes. Pour une personne lambda, rien de bien grave, sinon des secrets à petit échelle dévoilés. Mais pour un homme ou une femme politique, cela représente beaucoup plus : cela signifie plus de magouilles et de tricheries politiques. Et au Cercle, de nombreuses innovations permettant des avancées "morales" sont ainsi imaginées et mises en place.

Mae, lorsqu'elle trouve un poste au sein de cette merveilleuse entreprise, siégeant au coeur d'un campus futuriste, où tout est accessible (divers restaurants, dortoir sur place, groupes de sports en tous genres, mais aussi groupes de parole, soins médicaux, et même expositions d'oeuvres d'art...), ne peut s'imaginer plus heureuse. Tout au long du roman (et du film), on suit tout ce qu'elle apprend sur les projets entrepris au Cercle. On suit son émerveillement devant tous les possibles qu'ouvre la technologie. Oui mais... Certes, tout cela paraît bien beau, mais il 'y a pas que du positif. Qu'en est-il de ceux qui refusent d'avoir un compte sur un réseau social aussi populaire ? Qu'en est-il du principe de libre-concurrence, en passe d'être anéanti par une entreprise privée qui possède quasiment le monopole, et qui voudrait offrir tous les services possibles et imaginables en un seul réseau ? Qu'en est-il des détracteurs de ces avancées technologiques ? Car bien sûr il y en a, à commencer par Mercer l'ex petit ami de Mae. A chaque fois que ces deux-là se voient, Mercer lui sert de grands discours sur l'omniprésence du Cercle dans sa vie, l'incapacité de tous les utilisateurs à exprimer les émotions autrement que par un smiley heureux ou fâché... Et ces discours ont le don d'exaspérer Mae.

Une telle histoire, on se doute où cela va déboucher. Tout cela sent à plein nez la dystopie, avec le personnage quasi héroïque qui, au début croyait dur comme fer au bien fondé de tout ce système, puis qui se rend compte finalement qu'il n'y a pas que du bon, et qui va être l'agent double qui permettra la destruction du système en question. ATTENTION SPOILER !!

Dans le film, au scénario assez simpliste, c'est plus ou moins ce qui se passe. L'industrie hollywoodienne a voulu faire un film bien gentillet, où il y a les petits gentils et les gros méchants, et où forcément, les gentils finissent par gagner. Alors en lisant le roman, je m'attendais à la même chose. Ce que je recherchais en revanche, c'était à mieux identifier le moment où le personnage de Mae inverse son rôle, et commence à se rendre compte de la perversité de ce système, quasi-tyrannique quand on y pense. Oui mais voilà. Dans le roman (comme c'est d'ailleurs souvent le cas), les choses sont beaucoup plus subtiles. Au Cercle, tout le monde est gentil, et tout est merveilleux. C'est bien ce qu'on ressent au début, si bien que Mae elle-même ne se sent pas tout à fait à sa place. Mais elle finit par s'y intégrer, et on admire à travers ses yeux la mécanique bien huilée d'une telle entreprise.


Et là, Dave Eggers sait parfaitement nous prendre au piège. A chaque avancée technologique présentée, ne sont indiqués quasiment que les arguments pour. Le contre, c'est laissé aux détracteurs de l'entreprise, qui ne sont en réalité que des marginaux, ou des personnes à la moralité douteuse. Cette logique est tellement bien menée, que devant certaines propositions, on se prend, nous lecteurs, à y voir que du bon. Pendant ma lecture, une petite voix dans ma tête me chuchotait bien que oui, mais quand même, il y avait aussi du négatif, mais la démonstration est si efficace qu'on se laisse aller à croire que l'idée n'est finalement pas si mauvaise que ça. Ainsi, c'est un livre qui fait énormément réfléchir. Oui, c'est une dystopie, donc cela ne représente pas la réalité. Et pourtant, à la manière des romans de Philip K. Dick, cet univers n'est franchement pas si éloigné du nôtre, et c'est peut-être même (voire certainement) ce vers quoi nous nous dirigeons avec l'essor toujours plus grand des nouvelles technologies, et leur emprise sur nos vies. Rien que pour cela, ce roman est à faire lire au maximum de personnes, et de toute urgence !

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