mercredi 29 août 2018

Simple, Julie Estève

Simple, c'est un roman de la rentrée littéraire que ma collègue Delphine m'a vivement recommandé, alors qu'il me faisait déjà envie avant. Deux bonnes raisons pour me lancer dans cette lecture, donc.

Dans ce roman, nous suivons Antoine, qui vit dans un village corse, dans les années 70. Antoine, ou Anto, c'est le simple d'esprit de ce petit village, le "baoul". Sa vie est faite de petits bonheurs simples, il se contente de peu, et si on ne l'embête pas, il n'embête personne, du moins en apparence. Car en réalité, sa vie est bien compliquée par les autres, les habitants du village, qui ne le comprennent pas, et donc en ont presque peur. Ainsi, il est soupçonné d'avoir tué Florence, une jolie jeune femme qui faisait tourner les cœurs et que tout le monde appréciait.


Avec ses mots, et sa vision, simples, Antoine nous livre petit à petit la vérité. Il nous raconte son enfance, sa vie au village, ses copains, mais aussi ses ennemis. Car oui, certaines personnes le considèrent comme un ennemi, même si lui ne leur veut apparemment aucun mal. La mère de Florence, par exemple, qui voit bien que sa fille s'attache à ce jeune homme bizarre, et qui a peur qu'il n'arrive malheur. D'ailleurs, il lui arrivera malheur, à Florence, et si Antoine a toujours été gentil et attentionné envers elle, ce n'est pas la façon dont la plupart des gens voient les choses. En effet, Antoine est très naïf, alors quand Florence est abusée sexuellement, ou qu'elle se laisse séduire par des hommes qu'elle ne devrait même pas approcher, il est là pour la réconforter. Et quand on voit Florence s'énerver contre lui, il est facile de croire que c'est lui le responsable de son énervement et de sa douleur.

Ce roman est fait de cela. Des scènes de malentendu, où Antoine est considéré comme le seul coupable, alors que d'autres se sont joués de sa naïveté. C'est ce qui rend ce récit si poignant, car Antoine ne se rend pas compte de tout cela. Quant à savoir s'il est réellement le meurtrier de Florence, difficile à dire, jusqu'à la fin du livre. On apprend les choses par bribes, et il n'est pas évident d'assembler les pièces du puzzle. Si au fond de nous, on a envie de crier sur les toits que cet homme est tout sauf un meurtrier, qu'il est innocent, et bon au fond de lui, plus le livre avance, et moins on est sûrs de cela. On est donc happés par cette spirale qui fait que, si on a envie de le défendre, on a surtout envie de connaître la vérité, et que cette vérité éclate au grand jour. Notre cœur se tord devant l'impuissance d'Antoine, et sa vie faite de souffrances non méritées.

Ce qui frappe surtout, dans ce roman, c'est la langue employée. Antoine est lui-même le narrateur de cette histoire. La langue est donc brute, simple, celle d'un enfant à qui il manque des clés de langage. Les pensées s'enchaînent sans suite logique, on s'enfonce dans les méandres de cet esprit pourtant peu profond, mais torturé. Devant cette langue, encore plus que devant l'histoire d'Antoine, je n'ai su rester indifférente. Cette rudesse de langage m'a touchée droit au cœur, et j'ai la sensation d'avoir découvert là un livre brûlant d'émotions.

Je ne peux donc que vous encourager à aller découvrir par vous-même ce roman bouleversant, par ici. Ce livre a été lu dans le cadre de l'édition 2018 du Challenge 1% Rentrée Littéraire.


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