vendredi 24 septembre 2021

Villa Anima, Mathilde Maras

 Aujourd'hui, je vous parle d'un des premiers romans jeunesse de cette rentrée 2021 que j'avais repéré, avant même l'été : Villa Anima

La société dans laquelle vit Magda est répartie en différentes castes sociales, symbolisées par les écharpes de pouvoir. Beaucoup sont ceux qui n'en détiennent aucune, à l'instar de la famille de la jeune fille, ceux-là sont alors limités en droits, c'est la catégorie sociale la plus basse, la plus pauvre. L'écharpe verte permet d'accéder à quelques droits, même minimes. Les bourgeois ont des écharpes oranges, mais ceux qui détiennent réellement le pouvoir sont ceints de bleu. Enfin, la couleur rouge échoit aux rares élus qui ont alors la possibilité de prétendre au trône de l'Empereur. Toutes ces écharpes s'obtiennent de façon héréditaire pour les hommes (les filles de dignitaires n'ont droit à rien...), ou en présentant les épreuves de la Villa Anima, lieu empreint d'une aura de mystère, réputé impitoyable envers ses candidats. Magda tombe enceinte à 16 ans, certes d'un jeune homme qui l'aime et est prêt à assumer cette charge, mais à un moment de leur vie qui n'y est pas propice. En tentant d'obtenir l'écharpe verte, elle gagnerait le droit d'avorter, alors elle prend son courage à deux mains, et se prépare à affronter la Villa Anima. 

Nous assistons ici à une réelle prise de conscience politique, dans une société empreinte d'une grande misogynie. En pénétrant dans la Villa, Magda laisse derrière, sans le savoir, elle tout ce qui constituait son passé. Elle se tourne alors résolument vers la première épreuve, et toutes les possibilités qu'une victoire lui ouvrirait. Et très vite, elle réalise plusieurs choses. D'abord, la facilité de l'épreuve la déconcerte, alors que les décisionnaires font toute une montagne autour de la possession ou non de l'Esprit, nécessaire pour devenir un citoyen à part entière. Et si les plus pauvres étaient ainsi, volontairement, tenus à l'écart du pouvoir ? Mais surtout, Magda prend conscience dès les premiers instants qu'elle devra se méfier du maître de cérémonie qui, sous ses airs affables, cache difficilement un grand mépris de sa condition féminine. 

Ce roman présente toutes les qualités d'un bon huis-clos, d'une bonne dystopie. Une sensation d'étouffement nous accompagne jusque dans les toutes dernières pages, l'impression que tout se joue entre ces murs alors même que ces derniers jouent bien des tours à notre héroïne. Mais la sensation d'enfermement est aussi à prendre au sens littéral : comment croire qu'une simple jeune fille arriverait à changer, non seulement sa condition, mais aussi la société, dans un monde où une si petite place lui est laissée ? L'autrice nous donne parfaitement bien à voir le rôle si restreint alloué aux femmes, le mépris et la détestation des hommes envers ce sexe prétendument faible, et les cordes qu'ils tirent pour asseoir leur domination. Cette dystopie féministe est riche d'enseignements. Je regrette simplement de ne pas avoir pu m'attacher davantage à l'héroïne. Magda nous est présentée dans sa détermination face aux épreuves, à travers les stratagèmes mentaux qu'elle met en place, mais une fois poussées les portes de la Villa, nous ne suivons plus grand chose de son attachement à ses proches, qui font simplement figuration. J'aurais aimé connaître mieux cette jeune femme pour elle-même, et non à travers son ambition, quoique tout à fait légitime. 

Un très bon roman qui vient de paraître, et qui mérite une attention toute particulière. Filles, femmes, lisez-le, bien des vérités en sortiront ! Pour vous le procurer, quelques clics suffisent à partir de l'image ci-dessous, ou bien chez votre libraire préféré ! 



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