lundi 26 septembre 2016

La bibliothèque des coeurs cabossés, Katarina Bivald

Suite de mes lectures pour le Prix Littéraire des Chroniqueurs Web, dans la sélection poche, avec un roman devenu un classique de la romance : La bibliothèque des coeurs cabossés, de Katarina Bivald. Ce livre, j'en ai entendu pas mal de bien : un roman "feel-good" par excellence, un superbe "page-turner", ... Des termes comme ça, un peu à la mode, on peut lui en attribuer un paquet ! Et puis un titre comme celui-ci, ça fait forcément envie pour les amateurs de livres ! Mais j'ai été vraiment déçue.



Sara est une jeune libraire suédoise, et depuis quelque temps, elle échange des lettres avec une amie américaine, qui vit dans un petit village perdu au milieu de l'Iowa : Broken Wheel. Elles s'envoient des livres en échange de conseils de lecture, et des conseils de lecture en échange de livres. Le jour où la librairie de Sara ferme, Amy, sa fameuse correspondante, l'invite à venir se changer les idées chez elle, à Broken Wheel. Ni une, ni deux, Sara fait ses valises, sélectionne quelques livres, et part. Lorsqu'elle arrive, elle apprend qu'Amy vient de mourir. Elle se retrouve donc seule dans ce petit village pas très vivant, où elle ne connait personne, avec sa timidité et ses livres. Mais certains habitants vont se mettre en quatre pour l'accueillir au mieux, et l'aider à se sentir chez elle... ce qui finira bien par arriver, alors même qu'elle n'a le droit de rester que trois mois, selon son visa de tourisme ! Elle se sent tellement chez elle, qu'elle décide de reprendre un local abandonné et d'en faire une librairie, et se met en tête de donner le goût de la lecture à ces habitants, même si ça ne parait pas être une mince affaire...

Vu comme ça, donc, l'histoire s'annonce intéressante ! Une libraire qui veut essayer de transmettre sa passion des livres, ça semble pouvoir faire une belle histoire... Mais plus on avance dans la lecture, plus on s'enfonce dans les clichés... D'ailleurs, pas besoin d'aller très loin : dès la description de Sara, on rentre en plein dedans. Une lectrice passionnée, certes, mais c'est bien les seules qualités que l'auteur semble lui attribuer : elle n'est pas très jolie, elle s'habille mal, elle est maladroite, timide, elle se cache sans arrêt derrière ses livres... Bref, on devine assez vite que ça va être l'histoire de cette fille quelconque qui va devenir rayonnante d'intelligence, de bonheur et de beauté à la fin de l'histoire. Et puis ça continue, avec le défilé des habitants de ce village, lui-même un peu cliché de l'Amérique profonde. On a le couple gay, avec l'un qui assume son côté excentrique et l'autre plus réservé mais incroyablement séduisant, on a la "desperate housewives" qui veut tout faire parfaitement, on a la femme rebelle aux allures de cow-boy, on a l'alcoolique désespéré en qui personne ne croit, et puis le beau-gosse nonchalant qui ne se rend pas compte de son charme. Avec une telle galerie de personnages, difficile de s'attendre à une histoire qui nous transporte réellement et qui nous bouleverse... L'histoire d'amour (oui, parce qu'évidemment, il y en a une !) est elle-même fade : dès la première évocation du personnage masculin, Tom, on devine que ces deux-là vont se tourner autour et se fuir, pour finalement tomber dans les bras l'un de l'autre. On est même servis en niaiserie avec des situations où Sara sort de sa boutique pour trouver une foule assemblée devant, mais ne voit que le beau Tom, alors qu'elle se dit justement que non, elle n'est pas amoureuse...

Autre point qui m'a mise en rogne : ce roman se veut défenseur de la littérature, promoteur de la lecture, etc. Mais grâce à certains passages de très mauvais goût, l'effet est tout à fait gâché à mes yeux. Sara ouvre donc sa librairie, où elle va mettre en vente, dans un premier temps, toute la collection de livres de la défunte Amy. Jusque là, rien à redire. Mais lorsqu'elle se rend compte qu'il va falloir commander de nouvelles références, elle se dit que, décidément, heureusement qu'il y a Amazon... Euh, attendez. J'ai bien dit "défenseur de la littérature" ? Ah, autant pour moi, j'ai du faire erreur. Une petite librairie de village qui fait marcher Amazon : on aura tout vu ! Mais s'il fallait s'arrêter là... Oui, parce qu'en plus on est face à une auteur qui prône l'usage de nègres ! Si, si, je vous jure :

Sara n'était pas butée. Le type avait bien dix-neuf ans ou quelque chose comme ça, lorsqu'il s'était lancé dans le projet Eragon, non ? Un problème de page blanche pouvait arriver à n'importe quel auteur, mais pourquoi n'avait-il pas fait appel à un nègre ?
Euh... Et ça se dit libraire ? Alors primo, Christopher Paolini (puisque c'est de lui qu'il s'agit, pourquoi ne pas le citer ?) avait dix-sept ans quand il a commencé l'écriture de la saga Eragon (dix-neuf ans quand le livre a été publié en Europe). Bon, là c'est l'ado fan qui sommeille en moi qui parle, donc cette erreur, je la pardonne. Deuxio... depuis quand un bon auteur conseille de faire appel à un nègre ??? Bon ok, entre le tome trois et le tome quatre d'Eragon, il a fallu s'armer de patience. Eh oui, car je connais peu d'auteurs qui sont capables de publier un roman par an, à part s'ils font appel à des nègres... Aaaaaah, Marc Levy, Guillaume Musso, et tous leurs copains, c'est donc ça leur secret ! Bon, j'avoue, il y a Amélie Nothomb, je la mets à part. Je me trompe peut-être, mais elle, dans ses romans, il y a un vrai style, donc je ne pense pas qu'elle fasse appel à des nègres.

Bref, revenons-en à nos moutons. Vous l'aurez compris, La bibliothèque des coeurs cabossés, je ne vous le conseille pas ! Franchement, ce roman ne mérite absolument pas tout le succès qu'il a pu avoir ! Enfin, à mes yeux ;)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire