lundi 7 novembre 2016

La Passe-Miroir, Christelle Dabos

Mesdames et Messieurs, je vous annonce solennellement, en ce jour, que j'ai trouvé la série qui, dans mon coeur, prendra sans mal la suite de Harry Potter et s'élèvera au même rang ! J'ai nommé... (roulement de tambours)... La Passe-Miroir !!!

Oui, bon, j'en fais peut-être un peu beaucoup. Mais cette série (française, qui plus est !), destinée à la jeunesse, est définitivement gé-ni-a-le ! J'en avais déjà entendu beaucoup de bien, non seulement par le bouche à oreilles, résultat du succès que cette série a d'ores et déjà connu, mais aussi par une amie, qui en a même fait un article sur son blog. Et j'ai eu l'occasion de le lire grâce au Prix Littéraire des Chroniqueurs Web, dont je vous ai déjà parlé. En réalité, c'est le deuxième tome qui est dans la sélection du prix, et il m'a donc fallu commencer par le premier tome, pour faire les choses bien.

En ouvrant ce premier tome, donc, Les fiancés de l'hiver, on plonge dans un univers quelque peu empreint de fantasy, et qui est en tous cas la preuve d'une imagination formidable de la part de l'auteur. Ce monde s'est trouvé séparé en arches qui gravitent dans l'espace semble-t-il. Je dis bien s'est trouvé, car on apprend peu à peu qu'il y a eu un avant, où ces arches étaient rassemblées et ne faisaient qu'un. Quoiqu'il en soit, le roman débute sur Anima, l'arche de notre héroïne, Ophélie. Sur chaque arche, il existe des pouvoirs différents, et chaque arche est dominée par un esprit de famille, dont on comprend qu'ils étaient tous frères et soeurs. Les Animistes, dont l'arche est dominée par Artémis, ont le pouvoir d'agir sur les objets. Ainsi, les lunettes d'Ophélie se colorent en bleu lorsqu'elle a peur, en noir lorsqu'elle est en colère, et ainsi de suite. Avec ceci, Ophélie a su développer deux dons supplémentaires, que toute sa famille ne possède pas. Elle est liseuse, c'est-à-dire qu'en posant sa main sur un objet, elle peut en lire l'histoire. Elle est également Passe-Miroir : elle peut se rendre d'un lieu à un autre (pas trop éloignés) en traversant les miroirs. Toutes ces singularités laissent ainsi entrevoir un univers incroyable, un imaginaire merveilleux et très développé.


Ophélie, alors qu'elle tient paisiblement son musée de lecture d'objets sur Anima, apprend au début du roman que les doyennes de son arche l'ont promise en mariage à un dignitaire du Pôle, l'arche principale de ce monde. Si elle a déjà, par le passé, repoussé deux prétendants de son arche, cette fois elle ne peut plus reculer. Elle doit donc se préparer à faire connaissance avec un homme dont elle ignore tout, et à partir sur une arche qu'elle connaît très peu. Qu'elle n'est pas sa douleur donc, lorsque Thorn (son fiancé), à peine débarqué sur Anima, l'arrache brutalement à sa famille sans lui laisser le temps de faire ses adieux en bonne et due forme, prétextant des affaires déjà en retard dans son travail au Pôle. En effet, il en est l'intendant, une charge très élevée. Sur le Pôle, rien n'est semblable à Anima, où les relations sont très spontanées. Ici, Ophélie débarque à la Cour, avec toute l'hypocrisie que cela peut induire, et surtout, elle découvre plusieurs grandes familles aux pouvoirs bien différents. Les principales sont les Dragons (dont Thorn fait partie, et qui ont la faculté d'infliger une douleur et une blessure par leur simple volonté mentale), les Mirages (des créateurs d'illusion, qui font que les lieux sont si beaux), et la Toile (une famille dont les membres sont tous reliés entre eux). Elle doit donc apprendre à connaître ce monde, qui lui semble hostile dès son arrivée (en fait, personne n'aime Thorn, qui est en réalité un bâtard). Et elle doit aussi tenter de se rapprocher de ce mystérieux fiancé, un homme immense et très froid, qui ne lui accorde que peu de crédit.

Dans ces romans, Christelle Dabos fait preuve d'une grande intelligence dans l'analyse de rapports humains très complexes, et le lecteur lui-même a réellement du mal à faire la part entre les faux-semblants et la réalité. Et même cette réalité n'est ni noire ni blanche : à cause des pouvoirs de chacun, et des différentes volontés en jeu, tout le monde joue double jeu. Ophélie elle-même ne sait pas réellement à qui elle peut se fier, et cela ne l'aide pas à s'adapter à cet univers si mystérieux. Pour décrire les sentiments d'Ophélie, en constante évolution, l'auteur déploie là encore tous ses talents. Il est évidemment question d'amour : Ophélie est donc fiancée à Thorn, un homme très mystérieux, qui ne sait pas se faire aimer, comme le montre la façon exécrable dont tous les habitants du Pôle le traitent. Et pourtant, peu à peu, Thorn va s'intéresser de plus en plus à Ophélie, et va tenter maladroitement de le lui faire comprendre. Ophélie, quant à elle, tente de percer à jour cet homme qui cache bien des choses sur son passé, sa vie, et ses motivations. Mais il est aussi question d'amitié. Ophélie se déplace au Pôle accompagnée de sa tante, qui est son chaperon. Une tante qu'elle ne connaît que très peu, et qui va être sa seule confidente possible dans ce monde si hypocrite. En même temps, elle sait qu'elle ne peut pas non plus tout dire à sa tante, ce qui rend son existence tout de même bien difficile. Dans tout ce tableau, nous découvrons également la tante de Thorn, Berenilde. Une femme magnifique, qui semble maîtriser tout ce qui l'entoure d'une main de maître, mais qui en fait est extrêmement sensible et fragile.


Dans ces deux romans, donc, tout est maîtrisé, et on dévore ce roman (ces romans, puisque j'ai immédiatement acheté le deuxième, et lu d'une traite) avec passion. Et on attend le troisième tome avec une impatience non dissimulée ! D'ailleurs, c'était avant tout une série jeunesse, mais elle a connu un tel succès que le premier tome est sorti très récemment en folio poche, une édition destinée aux adultes donc.

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