vendredi 28 octobre 2016

Ecoutez nos défaites, Laurent Gaudé

Ce nouveau roman de Laurent Gaudé, dès sa sortie (si ce n'est avant), m'a réellement intriguée, pour plusieurs raisons assez contradictoires. Bon, d'abord, c'est Laurent Gaudé, donc je savais qu'il y avait de grandes chances que ce soit très bien ! En même temps, je n'étais qu'à moitié emballée par les critiques que j'en avais lues. Non pas que le livre a de mauvaises critiques, mais les thèmes évoquées ne sont pas forcément ceux qui me plaisent habituellement. Il y est question d'histoire, de guerres, le tout un peu sur tous les continents. Pourtant, je me suis lancée.



Finalement, l'histoire est centrée sur deux personnages principaux. L'un effectue des missions pour les services spéciaux. L'autre, une femme, est archéologue de formation, et traque les trésors volés aux musées nationaux, surtout irakiens, puisque c'est son pays d'origine. Ces deux âmes, esseulées à cause de leurs emplois respectifs, se croisent, totalement par hasard, et partagent une soirée. Puis leurs chemins se séparent, et on les suit, chacun de leur côté. Assem part surveiller un homme bien mystérieux qui a fui les commandos d'élite américains, tandis que Mariam retourne à ses traques alors même que l'état islamique frappe des sites archéologiques tous plus fameux les uns que les autres. Ces deux récits s'entrecroisent, et au milieu de cela, Laurent Gaudé introduit des pans d'histoire. On retrouve alors, au fil des paragraphes, des personnages historiques bien réels. Mais ce n'est pas vraiment à l'Histoire que l'on s'intéresse, à travers ces personnages, mais plutôt aux histoires : celles de ces hommes qui ont fait l'Histoire. On est ainsi confrontés aux pensées de personnages tous plus importants les uns que les autres : de Hailé Sélassié (empereur d'Ethiopie), au grand Hannibal, en passant par le général Grant qui a défait les armées confédérées.

Mais ce qui m'a réellement marquée, dans ce roman, c'est l'écriture. L'auteur nous parle de sujets lourds : des guerres, des défaites, comme le dit le titre. Des moments où le sort de pays entiers se décidait. Et pourtant, il nous présente ces moments avec une délicatesse infinie, et un langage tout en poésie. Dans ce roman qui évoque des guerres et des morts, jamais la beauté ne disparaît. Car finalement, ce ne sont pas les défaites ni même les victoires qui importent. Ce sont bien les hommes. S'ils s'écoutent eux-mêmes, ils seront en paix.

Un roman "breathtaking". En anglais, oui, parce que la douceur du mot "breath" correspond mieux à ce que j'ai ressenti durant cette lecture que l'expression française... Bref, lisez-le !

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