mercredi 19 octobre 2016

L'administrateur provisoire, Alexandre Seurat

J'ai reçu ce roman grâce à l'opération Masse Critique de Babelio (merci !), et j'en étais très contente ! Alexandre Seurat est un auteur que j'avais découvert à la rentrée littéraire dernière, grâce à son premier roman, La Maladroite. Je ne l'avais pas lu, mais j'en avais beaucoup entendu parler, en bien, évidemment ! Alors quand j'ai été au courant de la sortie de son deuxième roman, L'administrateur provisoire, j'avais très envie de le lire, d'autant que celui-ci porte sur la Seconde Guerre Mondiale, une période historique à laquelle je m'intéresse beaucoup !


Plus précisément, dans ce roman, on suit un jeune homme (dont on ne connaît pas le prénom d'ailleurs) qui apprend que son arrière grand-père a été administrateur provisoire pendant la guerre. C'est-à-dire qu'il était chargé de confisquer aux familles juives leurs biens, et notamment les commerces tenus par des Juifs. L'oncle du narrateur lui apprend cela en précisant qu'il l'a fait car son fils avait été capturé par la police allemande, et cette collaboration était donc un moyen de le faire libérer. Seulement, en consultant les archives, le jeune homme se rend compte que le fils a été libéré en 1941, tandis que le père a continué à exercer cette activité d'administrateur provisoire jusqu'en 1943. Sans doute y a-t-il pris un peu trop goût...

Le narrateur se lance donc dans une quête de documentation sur ce tabou familial, très préoccupé sur le passif collaborationniste de sa famille. Dans cette quête, il s'intéresse de plus près aux destins de certains juifs dépossédés par son grand-père, et suit leur trace dans les Archives, ainsi que dans des musées.

Cette enquête est lourde de sens, et cela se ressent pleinement dans l'écriture, notamment par son aspect quelque peu impersonnel. Comme je le disais, on ne connaît pas le nom du narrateur, et cela rappelle au lecteur que la collaboration a pu s'insinuer un peu partout en France, pendant l'Occupation. Et même si le jeune homme rêve d'un procès imaginaire de son arrière-grand-père, dont les scènes sont intercalées entre celles de l'enquête, ce manque de précision empêche le lecteur de porter un jugement sur cette histoire familiale sombre.

J'ai beaucoup apprécié cette écriture, dont on sent qu'elle a été très travaillée, apportant une maîtrise incroyable. Dès les première lignes, on ne peut être qu'admiratifs devant ce rythme si haletant, qui laisse à présager d'un talent monstre...

Parfois, dans un grondement lointain, un halo blanc passe à travers la fenêtre, et projette la silhouette mouvante des croisillons contre les murs, les meubles, l'ombre circule très vite, puis s'efface, furtive. Sur le bureau sont apparus une grosse loupe, des poinçons, des ciseaux. Un atelier. Il y a des étagères, pleines d'objets en vrac, une armoire, des cartons entassés dans un coin. D'une autre pièce, dans le noir, montent de longues respirations, sourdes, régulières : un grand lit au centre, et deux lits plus petits contre le mur du fond, les silhouettes des corps plongés dans le sommeil. 

En espérant que ces quelques lignes vous donneront envie de lire la suite... ;)

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