jeudi 24 novembre 2016

Le cirque des rêves, Erin Morgenstern

Ca faisait presque un an que ce roman, Le cirque des rêves, me tentait, avec sa jolie couverture qui m'attirait bien. Et comme il est dans la liste du Prix Littéraire des Chroniqueurs Web, je me suis lancée ! Et c'est donc indiscutablement une surprise, mais en demi-teinte j'avoue.


Ce roman nous entraîne dans un univers totalement onirique, où l'on distingue difficilement l'imaginaire de la réalité. L'intrigue se passe au dix-neuvième siècle, et, comme le nom du roman l'indique, tout se déroule autour d'un cirque. L'histoire débute lorsque Célia, enfant, retrouve son père Prospero. Elle a été élevée par sa mère, mais celle-ci a pris peur lorsqu'elle s'est rendue compte que la petite fille présentait les mêmes "facultés" que son père, à savoir la faculté de transformer le réel. Ainsi, lors de leur première rencontre, elle casse la tasse de café qui se trouve devant elle, sans la toucher, et la reconstitue, toujours par sa simple emprise mentale, et évidemment, toujours sans bouger ni même ciller, remet le café dans la tasse. Au fur et à mesure que Célia grandit, ainsi que Marco, l'autre personnage central de cette histoire, on n'aura de cesse de retrouver des actions telles que celle-ci, sans jamais savoir si c'est réellement "magique", ou s'il y a un "truc" derrière tout cela. Quoiqu'il en soit, Célia est donc la fille de Prospero, un célèbre magicien, et Marco est sous la protection de son rival : les deux magiciens ont décidé, dès l'enfance de ces deux jeunes gens, qu'ils s'affronteraient lors d'un duel dont on ne connaît pas bien les termes. A vrai dire les deux jeunes gens n'en connaissent pas non plus les termes, et les découvriront à leurs dépens.

Quoiqu'il en soit, ce duel prendra place dans un lieu bien précis : le fameux "Cirque des rêves", qui sera le théâtre de véritables illusions. En fait, ces illusions sont d'ailleurs le fait de Marco et Célia, qui sans se connaître, redoublent d'efforts pour amener le plus de magie possible dans ce lieu merveilleux, car c'est là le grand principe de leur duel. Un jour, pourtant, les deux jeunes magiciens finiront par se rencontrer, et réaliser avec étonnement et gêne qu'ils n'ont pas tellement envie d'être adversaires, surtout dans ce challenge dont aucun d'eux ne sait quelle pourra être l'issue. Et c'est là que l'intrigue entre dans une spirale infernale qui installe une tension à peine masquée entre les deux protagonistes, que le lecteur ne peut que ressentir.


Ce cirque est donc le lieu de manipulations aussi magiques que merveilleuses, faisant tout l'aspect onirique du roman. Cela nous fait rêver, et nous entraîne dans des tréfonds de notre imagination dont nous ne soupçonnions peut-être même pas l'existence. Un autre point que je suis obligée de souligner ici, c'est la construction du roman. On retrouve à plusieurs endroits des petits épisodes plein de poésie, où le lecteur se voit tutoyé et pris à partie, comme un de ces nombreux spectateurs qui se rend au Cirques des rêves. Ces passages m'ont beaucoup fait penser au choeur dans les tragédies antiques : ces passages souvent en vers, qui prennent le lecteur / spectateur à témoin, et ont souvent pour but de récapituler ou faire un point sur l'intrigue. En plus d'être original, et de prouver la grande culture d'Erin Morgenstern, cela sert très bien ce roman qui se veut extraordinaire, à l'image de ses personnages.

Malgré tout j'ai été un peu gênée par le côté très cynique de ce début de roman. Marco et Célia sont donc chacun instruits par un magicien, mais ces deux hommes ne semblent pas capables de ressentir le moindre sentiment. Ils sont abîmés par les années, ressentent certainement de la lassitude, et se montrent incapables de s'attacher à un être humain, ni même de comprendre les sentiments qu'éprouvent d'autres humains autour d'eux. Ils jouent avec les vies des autres, sans se rendre compte que leurs décisions blessent des personnes. Trop de cynisme dans cette histoire donc, ce qui ne m'a laissé tout de même un sentiment de malaise une fois le roman refermé, et qui m'a empêchée d'en profiter pleinement.

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