lundi 27 février 2017

Le voile de Téhéran, Parinoush Saniee

J'ai découvert ce beau roman grâce au Prix Littéraire des Chroniqueurs Web, et j'avoue que je n'ai pas été mécontente du voyage, loin de là !

Un voyage, à coup sûr. Avec Le voile de Téhéran, on part tout droit au coeur de la société iranienne. Une société aux règles strictes, dont la narratrice, Massoumeh, va être victime. Massoumeh est une jeune fille intelligente, dont le plus grand rêve est de poursuivre ses études le plus loin possible, et d'obtenir un diplôme d'études supérieures. En dehors de cette ambition, alors peu accessible aux femmes, elle se plie volontiers aux règles érigées par la société et par sa propre famille, même si elle n'en comprend pas toujours le fondement. Mais malgré cette obéissance aux règles, elle se montre très perspicace quant à ce qui est de ses frères. Elle ne comprend pas la piété presque fanatique de son frère aîné, et ne cesse de mettre ses parents en garde contre la débauche dans laquelle leur deuxième né sombre peu à peu. Pourtant, dans l'Iran des années 60, ce sont les garçons qu'on écoute, et certainement pas les filles. Aussi, lorsqu'elle tombe amoureuse du jeune pharmacien du coin, que sa famille ne connaît pas, il suffira de quelques mots échangés avec lui pour que ses frères crient haut et fort qu'elle a sali l'honneur de sa famille. Pour racheter cet honneur, on décide alors de la marier. A 17 ans, la voilà donc mariée à un homme qu'elle ne connaît pas.

Voilà donc un autre pan de la vie de Massoumeh qui s'ouvre, bien différent de son enfance. En effet, son mari, loin d'être une brute qui ne jure que par les règles établies aveuglément par la société iranienne, s'avère être un homme plutôt doux, qui n'a que faire du mariage, et surtout, qui est un révolutionnaire. Très vite, donc, il lui dit qu'elle peut agir à sa guise, qu'elle est libre de reprendre ses études si c'est ce qu'elle souhaite. Cette vie s'annonce donc finalement très belle pour la jeune Massoumeh. Certes, il y a un devoir conjugal à accomplir, mais cela ne semble pas être trop difficile au vu de la gentillesse de son mari.

Cependant, très vite, Massoumeh va s'apercevoir qu'être mariée à un révolutionnaire n'est pas si reposant que ça. Chaque fois que son mari s'absente sans la prévenir, elle craint pour sa vie. Et lorsqu'elle aura des enfants, elle craindra chaque jour pour la sécurité de son foyer. Quand son mari sera emprisonné, la responsabilité morale et financière de sa famille retombera sur ses seules épaules. C'est donc une vie bien mouvementée qui attend Massoumeh, et qui est décrite dans ce roman. Si la jeune femme saura connaître le bonheur, elle rencontrera aussi bien des épreuves.



C'est donc un très beau roman que celui écrit par Parinoush Saniee. Il éveille les consciences, nous fait réaliser que nos vies sont bien faciles comparées à celles vécues dans des pays tels que l'Iran. Pour autant, ce roman est loin d'être un manifeste à visée politique ou sociale. Bien au contraire, l'émotion contenue dans cette histoire est très justement distillée, et en tant que lecteurs, on vibre pour Massoumeh, on tremble avec elle dans les moments les plus durs, et on ne peut que se réjouir lorsque sa vie semble prendre un tournant plus agréable. Ce roman fait preuve d'une belle maîtrise : on ne tombe jamais dans le mélodrame, tout est parfaitement dosé. Le seul reproche que j'aurais à faire, c'est peut-être le côté répétitif du roman. Finalement, Massoumeh connaît des phases de bonheur, suivies de phases de malheur, et ce dans un éternel recommencement, semble-t-il. A tel point qu'à la fin, c'est presque lassant, un peu trop long peut-être.

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