jeudi 10 janvier 2019

Butter, Erin Lange

Ce roman, il me faisait de l'oeil depuis sa sortie... vous savez, comme cette pâtisserie dans la vitrine devant laquelle vous passez tous les jours ? Ahem, ça n'était pas le sujet. Et pourtant... 

Butter, en plus d'être le titre de ce livre, c'est le surnom d'un garçon. A première vue, facile de deviner la raison pour laquelle on l'appelle ainsi : l'adolescent à un "léger" problème de poids. Il pèse 192 kilos. Cependant, son surnom ne provient pas de ça, mais d'une sombre histoire, qui pourrait fort bien ressembler à du harcèlement de la part de ses camarades de lycée. 

Dans ce roman, on suit donc cet adolescent, Butter, et les nœuds au cerveau qu'il se fait à cause de son poids. Peser un tel poids le rend fou, certes, mais quand il est déprimé (ce qui lui arrive fréquemment), il se tourne vers... eh bien oui, vers des chips, du bacon, du sucre, du gras, et tout ce qui peut le faire grossir toujours plus. Bon, cependant, il s'est plus ou moins fait une raison, depuis le banc du fond de la cantine qui lui est réservé, puisque de toute façon il ne tiendrait pas sur une chaise. Mais quand même, il voudrait bien vivre une vie d'adolescent "normal" plutôt que d'être seul et surprotégé par sa mère, qui semble penser qu'il a toujours cinq ans. Et cette vie d'ado normal, il se l'est créée de toutes pièces, en ligne, là où il peut parler avec la délicieuse Anna, la fille la plus belle du lycée, dont il est follement amoureux. Et ça tombe bien, puisqu'elle aussi est follement amoureuse... de son lui virtuel. Un jour, n'y tenant plus, il commet l'irréparable : il annonce en ligne qu'il va se suicider... en faisant une overdose (en direct sur le net) de nourriture.



Dit comme ça, ce roman paraît très noir, triste, dur. Et pourtant, c'est un régal, tout simplement ! Je me permets ces blagues que l'on pourrait trouver déplacées, pour la simple et bonne raison que Butter et Erin Lange se les permettent eux aussi, et sans compter ! Car oui, ce roman est bourré d'humour bien noir et cynique, comme on aime. Et derrière la façade de cet humour, qui est un peu comme la carapace du personnage principal, il y a bien sûr toute une réflexion psychologique. Une réflexion sur l'obésité bien sûr, mais aussi sur le harcèlement, comme évoqué plutôt, et sur la notoriété et les amitiés de façade, comme les adolescents en sont spécialistes. 

Que dire de plus sur ce roman, si ce n'est qu'il m'a fait pleurer. Et un livre qui me fait pleurer, c'est suffisamment rare pour être souligné. Derrière toutes ces réflexions et cet humour, ce livre est un condensé d'émotions tellement fortes et contradictoires, qu'on ne sait pas vraiment quoi en faire. Au fur et à mesure qu'on avance dans le roman, on ne voit pas comment l'auteur pourrait mettre le point final à cette histoire sans nous décevoir, et pourtant l'exercice est réussi avec talent. On sait qu'on va se prendre une déferlante d'émotions en plein cœur, et pourtant on n'est pas assez prêts quand elle arrive. 

J'aime l'humour cynique, alors forcément j'ai adoré lire ce roman. Et l'émotion vers laquelle nous amène ce cynisme en fait un bijou, à découvrir absolument ! 

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