mardi 11 juin 2019

Comment mon père est mort deux fois, Yves Grevet

Yves Grevet : le nom de cet auteur a accompagné mon adolescence tant j'en ai souvent entendu parler (en bien !), et pourtant je ne l'avais encore jamais lu... C'est désormais chose faite avec son dernier roman, Comment mon père est mort deux fois

Soën vit paisiblement sur l'île de la Réunion, avec ses parents, jusqu'au jour où des policiers viennent lui annoncer le décès de son père, survenu dans des circonstances aussi tragiques qu'inattendues. Pour le jeune homme et sa mère, le deuil est d'autant plus difficile à vivre, qu'ils ont la terrible impression qu'on ne leur dit pas tout. En creusant un peu, ils vont découvrir que cet homme qu'il leur semblait connaître vivait en fait sous une fausse identité, afin de se protéger lui-même, ainsi que sa famille. En apprenant cela de sa grand-mère paternelle, dont il ne soupçonnait même pas l'existence, Soën décide de se lancer dans une enquête qui va vite le dépasser, afin de découvrir qui était véritablement cet homme, ainsi que les raisons de sa mort. 


Yves Grevet superpose deux intrigues qui viennent se répondre l'une à l'autre. D'un côté, on suit l'enquête laborieuse de Soën, et de l'autre, on a accès aux cahiers de jeunesse écrits par Yvon, le père de Soën, alors qu'il était enseignant en Turquie. Cette partie de sa vie, Soën et sa mère n'en ont jamais eu vent, et on se doute alors qu'on va apprendre, au travers de ces cahiers, la vérité tant recherchée par le jeune adolescent. Pourtant, on a vite l'impression que les événements, passés et présents, le dépassent, et risquent de le mettre en danger. L'auteur parvient ainsi à instiller un suspense bienvenu, afin de maintenir la tension et notre attention de bout en bout du roman. 

La quête de Soën se veut chargée en émotion, comme le laisse deviner le titre, et le thème omniprésent du deuil. On découvre à cette occasion une part de la culture réunionnaise, qui diffère en certains points de notre culture métropolitaine. Mais surtout, ce qui à mon sens donne du relief à ce roman, ce sont les raisons du mystère qui entoure le père de Soën. Avec ses cahiers de jeunesse, on est plongés au cœur d'intrigues politiques qui ont chamboulé les années 1980. 

J'ai eu du mal à me laisser emporter par le côté thriller de ce roman. Si les dernières pages sont riches en rebondissements, j'ai trouvé qu'il y avait un déséquilibre entre la rapidité de résolution de l'intrigue et la lenteur avec laquelle sont dévoilées les choses dans le reste du roman, certainement due à l'alternance entre les deux modes de narration. Je n'ai pas non plus été transportée d'émotion en côtoyant ces personnages : je trouve que leur psychologie est assez peu creusée, et l'intrigue y perd en richesse. Cependant, le dénouement a su titiller ma curiosité, et je pense qu'il en sera de même pour tout lecteur. On a envie de démêler le vrai du faux, l''inspiration historique de la fiction, à l'issue de ce roman, et tout cela trotte dans la tête un bon moment... Pour gagner en qualité, j'aurais aimé avoir quelques lignes à la fin du roman, sur le contexte historique et politique, afin d'y voir plus clair. Cela aiderait, je pense, les adolescents à qui ce livre est destiné, à réfléchir à une situation politique complexe, qui peut faire écho à certaines problématiques plus actuelles. 

C'est donc un bilan en demi-teinte pour moi. Ce roman n'est pas, je pense, le plus réussi d'Yves Grevet, et il ne restera pas dans les annales. Cependant, il laisse entrevoir le talent et la richesse des univers de cet auteur. Je prévois de lire Grupp dont j'ai entendu beaucoup de bien, dans les mois à venir, et je ne désespère pas de trouver un jour le temps de me plonger dans U4 !

En attendant de lire mon avis sur ces deux autres titres, si le coeur vous en dit, n'hésitez pas à aller vous faire votre avis sur Comment mon père est mort deux fois en cliquant par ici



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