mardi 5 mai 2020

Hôtel Castellana, Ruta Sepetys

Ruta Sepetys est une autrice dont ma collègue me parlait régulièrement pour la grande qualité de ces romans. Et après la lecture de son dernier roman, force est de constater que j'aurais dû la lire depuis bien longtemps ! 

En 1957, Daniel Matheson passe l'été à Madrid accompagné de ses parents, en plein régime franquiste. Il va faire la connaissance de la belle Ana, femme de chambre à l'hôtel où il loge, et de sa famille, qui semble cacher bien des secrets. Ceci dit, sous la dictature, ils ne sont pas les seuls à entretenir du mystère. Daniel étant passionné de photographie et souhaitant en faire son métier, un ami journaliste lui recommande de s'appliquer, à travers ses photos, à raconter l'histoire des madrilènes, de façon authentique, et de leur rapport au pouvoir franquiste. Mais ne risque-t-il pas de déterrer de trop lourds secrets en agissant ainsi ? 

J'avoue avoir eu du mal, au début de ma lecture, à entrer dans ce roman. Je n'apprécie pas forcément la narration au présent, et ici, au début, j'ai eu la sensation qu'à cause de cela, on ne comprenait pas assez les sentiments des personnages. Le récit hésite d'ailleurs bien souvent entre narration externe et omnisciente, et cela a encore favorisé cette première impression mitigée, en plus de chapitres très courts et d'une grande galerie de personnages, qui m'a parfois donné l'impression que chaque personnage était trop rapidement évoqué pour bien le connaître. 



Mais en réalité, cela n'a bel et bien été qu'une première impression, vite détrompée. Cette forme d'écriture, entre chapitres courts, et différents personnages qui se dévoilent peu à peu, laisse planer beaucoup de mystère, et cela donne réellement envie d'avancer dans la lecture afin de dénouer tous les secrets que l'on entrevoit dès les premières pages. De même, mes réticences quant aux sentiments des personnages se sont vite envolées, une fois embarquée dans l'intrigue. Assez vite, on sent une romance pointer le bout de son nez, timidement, heurtée qu'elle est par le contexte historique où peu de libertés étaient laissées aux espagnols. Entre la romance dont on se demande quelle place elle pourra trouver, et les secrets que l'on essaie d'imbriquer entre eux pour mieux les comprendre, il devient vite impossible de lâcher ce roman. C'est exaltant, on tremble avec les personnages, ça en devient haletant. Malgré tout, Ruta Sepetys ne signe pas ici une romance légère, et très vite il est difficile d'entrevoir une fin heureuse pour ce couple sans que cela ne contrevienne à la véracité historique. C'est tragique, mais cela donne encore plus envie d'arriver à la fin de cette lecture, pour savoir quelle échappatoire trouvera l'autrice, pour rester dans la justesse qui est celle de ce roman, tout en ménageant les sentiments de ses lecteurs. Et finalement, c'est de main de maître qu'elle parvient à concilier tout cela, en nous offrant un roman historique très juste et extrêmement touchant. 

Entre roman historique et belle romance, Hôtel Castellana s'est donc avéré être un véritable plaisir de lecture. J'y ai retrouvé une peinture de l'Espagne franquiste qui m'a semblé assez proche de la vérité : sans complaisance, et sans s’appesantir pour autant sur les difficultés d'une population fière de ses combats. Le tout est étayé de documents historiques, de citations de diplomates américains exprimant leur point de vue sur ce pays, donnant ainsi encore plus de poids à la narration. Le mot de la fin de l'autrice apporte également beaucoup, alors qu'elle détaille son travail avec humilité. Une grande réussite donc que ce roman, qui finalement n'a pas été loin de m'arracher quelques larmes, et qui me fait dire que je dois désormais me ruer sur les anciens roman de cette autrice. 

Alors que les librairies font pour la plupart du click and collect, et s'apprête à rouvrir, n'hésitez pas à aller commander ce magnifique roman en quelques clics, à partir de l'image ci-dessous !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire