vendredi 26 juin 2020

Et le désert disparaîtra, Marie Pavlenko

J'avais découvert Marie Pavlenko avec son précédent roman, Un si petit oiseau. Je ne vous en avais pas parlé à l'époque par manque de temps, mais ce magnifique roman avait été pour moi un coup de cœur. Je partais avec des préjugés, alors qu'en réalité, la plume de cette autrice est d'une grande force. Assez simple, mais elle va droit au but, elle sait toucher à travers cette simplicité. J'étais donc ravie de la retrouver avec son dernier roman, Et le désert disparaîtra

Samaa mène une rude existence au sein de sa tribu, dans le désert. Enfin, le désert, c'est en fait la terre entière, dans ce monde qui pourrait bien être notre futur. La nature y a tellement été exploitée, qu'un désert de sable chaud a recouvert la surface de la Terre, et que les moyens de subsister sont bien difficiles. Les hommes chassent, afin de troquer le fruit de leurs chasses contre des vivres (eau gélifiée et barres protéinées). Mais ces chasseurs ne sont pas en quête d'animaux, car des animaux, il n'y en existe plus guère. L'objet de leur troc, c'est le bois. Ils traquent les quelques arbres qui subsistent dans des trouées, tous les autres ayant été abattus pour leur bois, ressource tant convoitée. Les arbres coupés, c'est ce qui les fait vivre. Ils ne se rendent évidemment pas compte de l'aberration écologique que cela représente (plus d'arbres, cela signifie une raréfaction de l'oxygène, en premier lieu, et donc la disparition de la plupart des formes de vie, oiseaux, insectes, etc.). L'Ancienne de la tribu tente bien de les ramener à la raison, en expliquant que les arbres représentent la vie, réellement, lorsqu'ils sont encore debout, mais personne ne veut écouter ces sornettes de vieille femme. 

Samaa voudrait devenir chasseuse, comme son père l'a été. Seulement, cela demande tellement de force physique et d'endurance, que ce statut est réservé aux hommes. Il en faut plus pour décourager la jeune fille, qui ruse pour se faire accepter au sein de la troupe. Mais son stratagème va se retourner contre elle, et la voilà qui erre, seule, en plein désert, alors que ses provisions s'amenuisent. C'est alors qu'elle tombe sur (ou plutôt dans) une trouée, où elle découvre un arbre. Coincée là, elle va faire elle-même l'expérience que oui, les arbres sont la vie, quand ils sont debout. 



Ce roman est un récit initiatique, l'histoire d'une jeune fille pas encore femme, qui rêve d'un destin hors norme, et qui, d'une façon inattendue, saura en effet se dresser contre la norme. C'est une histoire en apparence assez simple et classique, de survie dans un monde post-apocalyptique. On s'attache au personnage, que l'on veut voir survivre coûte que coûte. Mais au fur et à mesure que l'on s'approche de la fin, on ne peut s'empêcher d'imaginer le pire. Par quel miracle Samaa pourra-t-elle survivre, tout en sauvant son monde ? Car finalement, ce récit initiatique ne concerne pas tant une humaine, que la nature elle-même, mise en grand danger, mais qui doit trouver le moyen de se réinventer. Samaa est certes le personnage principal de ce texte, mais la galerie des personnages est ici très atypique, car un arbre vient supplanter les autres humains en tant que personnage secondaire, alors qu'eux gravitent en marge de cette histoire. 

J'ai beaucoup aimé ce court roman, qui se lit d'une traite, et qui apporte une véritable bouffée d'oxygène. Comme d'habitude, les mots de Marie Pavlenko sont choisis avec beaucoup de justesse, et font leur oeuvre, tranquillement mais sûrement. C'est une véritable fable écologique, à mettre entre les mains des adolescents qui n'auraient pas encore réalisé l'urgence à protéger notre nature. A acheter dans votre librairie préférée, ou en cliquant sur l'image ci-dessous ! 


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