mardi 8 juin 2021

L'été de tous les possibles, Jennifer Niven

 Bon, je vous préviens : en lisant cet article, vous allez vous dire "encore un avis négatif ! Pourquoi elle nous parle encore d'un livre qu'elle n'a pas aimé ?" Eh bien, parce que je crois qu'il est important que les réseaux sociaux ne reflètent pas uniquement le positif. Et sur ce roman, j'ai vu passer presque uniquement des avis élogieux, alors que franchement ? il est très moyen ! Bref, on passe aux choses sérieuses, et je vous en dis plus sur L'été de tous les possibles, dernier roman de Jennifer Niven

C'est décidé depuis un moment : une fois le lycée terminé, Claude partira pour un road-trip avec sa meilleure amie, Saz, avant qu'elles ne se séparent pour l'université. Mais c'est sans compter sur les parents de Claude, qui lui annoncent, brutalement, leur divorce. Non seulement, elle a la sensation que le sol s'effondre sous ses pieds, mais en plus, sa mère veut l'emmener passer l'été sur une île isolée sans internet, très peu peuplée ? Cet été tourne au cauchemar pour Claude. Alors qu'il va lui réserver de belles surprises. Ces semaines mère-fille, sur les traces de leurs ancêtres, seront l'occasion pour les deux femmes d'en apprendre beaucoup sur leur filiation, si importante pour une jeune femme qui cherche ses repères. Et le mystérieux Jeremiah aidera la lycéenne à guérir, en s'ouvrant à une nature dont elle ignorait alors la richesse.

Je vais être franche : j'ai trouvé ce roman affreusement plat, je me suis ennuyée au long de ses 400 et quelques pages. Je devais le lire pour la rédaction d'un article thématique sur trois romans pour l'été (je vous en reparle bientôt), et je me suis fait violence pour aller au bout (rassurez-vous, les deux autres m'ont bien plus séduite !). C'est une romance que nous offre ici Jennifer Niven, parfaite pour l'été diront certains, mais sans surprise aucune. Le personnage de Jeremiah est en fait construit uniquement en référence à Claude, pour répondre à ses besoins. Elle a besoin d'être bousculée, sortie de sa torpeur ? Il arrive, et la force à aller découvrir la belle nature environnante. Elle a besoin de mots doux, il lui en offre. Elle a besoin de confrontation ? Ca tombe bien, lui aussi est de méchante humeur et le ton monte. Elle a besoin d'évasion ? Il l'emmène à l'aventure. J'ai vu quelques lectrices trouver Claude égoïste, et c'est vrai, elle l'est. Mais en réalité, ce qui donne cette impression, c'est justement que les personnages autour d'elles ne semblent pas avoir droit à leurs émotions propres, en dehors de celles qu'elle projette sur eux. Et ça, dans un roman sur la construction adolescente, c'est quand même assez gênant. J'ai trouvé aussi pas mal de clichés dans ce roman. Je n'en citerai qu'un : la scène où Jeremiah embarque Claude pour la soirée, elle s'interroge sur l'endroit où ils se rendent, mais il joue les mystérieux et ne lui révèle rien... Scène typique, qui revient au moins trois fois dans le roman ! 

Alors c'est vrai, si je n'ai rien de positif à dire, autant ne pas parler de ce roman. Mais tout de même, j'ai réussi à y trouver un bon point. Dans cette relation amoureuse, les notions de consentement et de plaisir féminin ne sont pas laissées de côté. Dans chaque scène de baiser, ou presque, l'un demande à l'autre s'il peut l'embrasser, ou le prévient en lui laissant le temps de se dérober si besoin. C'est important, je crois, de mettre de telles scènes dans la littérature jeunesse. Les adolescents doivent savoir que oui, c'est normal que les choses se déroulent ainsi, et que non, la scène où un garçon embrasse - voire plus - une fille contre son gré, ça n'a rien de romantique. De plus, Claude est une jeune fille qui connaît son corps, un personnage de roman, féminin, qui se masturbe, et qui sait ainsi ce qu'elle aime ou non, et sait le communiquer à son partenaire. Encore une fois, cette banalisation de la masturbation féminine, et du dialogue pour atteindre le plaisir, est importante. Elle s'interroge aussi beaucoup sur le concept de "première fois", et tente de désacraliser la virginité, cette construction patriarcale. Là, en revanche, le message est beau, mais ne s'applique pas à elle-même, puisque sa première fois revêt une grande importance pour elle. Mais peu importe, ce propos féministe sur la sexualité constitue finalement le gros atout de ce roman, selon moi. 

Si finalement ce roman vous tente, vous pourrez vous laisser séduire par ce dernier point, et le défendre pour cette raison. Pour ma part, c'était la première fois que je lisais cette autrice, et même si je la remercie de mettre ces idées dans les esprits des adolescents, je n'irai pas plus loin dans la découverte de son œuvre. 


 

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