lundi 23 février 2015

Ce que j'appelle oubli, Laurent Mauvignier

Le suspense. Certains auteurs le créent en travaillant l’ambiance de leurs romans. C’est le cas d’Anthony Horowitz. D'autres préfèrent se concentrer sur le jeu des personnages. C’est le cas d’Agatha Christie. Laurent Mauvignier, lui, se base uniquement sur la syntaxe, dans Ce que j’appelle oubli.

Une syntaxe très rythmée, qui oblige le lecteur à ne pas fermer le livre avant de l’avoir terminé. Un homme, soupçonné d’avoir volé une bouteille dans un supermarché, est interpellé par les vigiles qui vont le passer à tabac afin d’obtenir des aveux.

Un livre qui tient en haleine. C’est une qualité que l’on recherche souvent lorsqu'
on lit des romans à suspense, des romans noirs. Une intrigue complexe, des rebondissements, un dénouement qui se profile vaguement au fil des pages, et un lecteur qui a hâte de connaître l’issue du roman.


Laurent Mauvignier, lui, n’a pas besoin de toutes ces ressources pour tenir son lecteur en haleine. Cinquante-cinq pages, une seule phrase. On connaît l’issue assez rapidement, mais ce n’est pas ce qui fait l’intérêt du livre. Ce texte s’élève comme un plaidoyer contre la cruauté, la cruauté de ces vigiles face à cet homme, dont on ne connaît pas vraiment l’identité, dont on sait simplement qu’il n’avait pas grand-chose pour lui dans la vie. Violence gratuite de la part des vigiles ? ou bien préjugés qu’ils ont voulu exprimer à force de coups ? Quoi qu’il en soit, ça n’est pas seulement pour la canette de bière volée, car « on ne tue pas pour ça ». Abus de pouvoir, mensonge, violence, voilà ce que Laurent Mauvignier refuse de laisser tomber dans l’oubli.  


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