Le suspense. Certains auteurs le créent en travaillant
l’ambiance de leurs romans. C’est le cas d’Anthony Horowitz. D'autres préfèrent se concentrer sur le jeu des personnages. C’est le
cas d’Agatha Christie. Laurent Mauvignier, lui, se base uniquement sur la
syntaxe, dans Ce que j’appelle oubli.
Une syntaxe très rythmée, qui oblige le lecteur à ne pas
fermer le livre avant de l’avoir terminé. Un homme, soupçonné d’avoir volé une
bouteille dans un supermarché, est interpellé par les vigiles qui vont le passer
à tabac afin d’obtenir des aveux.
Un livre qui tient en haleine. C’est une qualité que l’on
recherche souvent lorsqu'
on lit des romans à suspense, des romans noirs. Une
intrigue complexe, des rebondissements, un dénouement qui se profile vaguement
au fil des pages, et un lecteur qui a hâte de connaître l’issue du roman.
Laurent Mauvignier, lui, n’a pas besoin de toutes ces
ressources pour tenir son lecteur en haleine. Cinquante-cinq pages, une seule
phrase. On connaît l’issue assez rapidement, mais ce n’est pas ce qui fait
l’intérêt du livre. Ce texte s’élève comme un plaidoyer contre la cruauté, la
cruauté de ces vigiles face à cet homme, dont on ne connaît pas vraiment
l’identité, dont on sait simplement qu’il n’avait pas grand-chose pour lui dans
la vie. Violence gratuite de la part des vigiles ? ou bien préjugés qu’ils
ont voulu exprimer à force de coups ? Quoi qu’il en soit, ça n’est pas seulement
pour la canette de bière volée, car « on ne tue pas pour ça ». Abus
de pouvoir, mensonge, violence, voilà ce que Laurent Mauvignier refuse de
laisser tomber dans l’oubli.
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