vendredi 10 juin 2016

La dernière nuit du Raïs, Yasmina Khadra

Ce livre qui raconte les derniers instants de Kadhafi, ça fait un moment qu'il est sur ma PAL. Je l'avais acheté en même temps que Une Antigone à Kandahar, mais entre deux livres aux sujets si denses, j'ai eu besoin de faire une pause. Certes un peu longue...

Un livre de Yasmina Khadra, donc. Auteur préféré de ma mère, mais jusque là je me contentais de lui offrir les livres, sans les lire au passage. Mais cette foi, c'est pour moi que je l'ai acheté. Bilan des courses ? Le livre m'a bien plu, mais je ne suis pas certaine de me jeter sur les autres livres de Khadra pour autant, car je n'ai pas totalement été emballé par le style. Malheureusement, on sent que l'auteur cherche trop le bon mot, la formule accrocheuse, et à mon sens, ça dessert nettement l'histoire. Par endroits même, on trouve des formules un peu familières, qui interpellent : pas sûr que Kadhafi (puisque c'est lui le narrateur) parlait réellement comme ça...



Malgré ces quelques défauts, l'intrigue nous fait oublier tout ça. Très bien menée et rythmée, entre description du moment présent, flashbacks et réflexions sur le parcours d'une vie, tout y est. Au début, on se laisserait presque aller à éprouver de la sympathie pour le dictateur... Mais ça nous passe assez vite, puisque l'auteur a très bien su faire émerger son côté mégalomane, narcissique et cruel. Ce n'est donc pas un de ces personnages auxquels on peut s'attacher, s'identifier. Les frontières qu'il dresse entre le bien et le mal sont bien éloignées des nôtres.

A travers ce morceau de vie, on retrouve bien des choses. pour une part, des considérations diplomatiques qui témoignent de cette époque des printemps arabes, mais aussi, par les flashbacks, de l'état assez désastreux de la Libye. D'autre part, des pans de la vie de Kadhafi lui-même, qui apportent peut-être un éclairage et une explication (mais pas une justification !) sur ce qu'il est devenu. On y retrouve en effet des obstacles plutôt courants parmi ceux qui ont forgé des dictateurs. Des mensonges de ses proches sur ses origines, la pauvreté chronique de sa famille, le rejet par des personnages d'un rang social plus élevé... Cette plongée dans les pensées d'un dictateur apporte bien des choses.

On imagine bien que tout cela a été très documenté, par un travail minutieux, mais on est bien dans les codes du roman, et on pourrait presque oublier, par instants, qu'une telle personne a réellement existé. On se laisse emporter par cette prose assez surprenante, et il devient difficile de lâcher le livre, même si on connait déjà la fin.

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